PARKLIFE



Les paroles sont ici

Sortie de l'album: 25 Avril 1994
Charts Britanniques: numéro 1

Singles:
_ Girls & Boys, 7 Mars
_ To The End, 30 Mai
_ Parklife, septembre

_ End Of A Century, 7 Novembre


LA PRESSE:


Quand ils sont arrivés dans le désert de la pop anglaise qui, à de rares exceptions près, se satisfait généralement de plans usés jusqu'à la corde et repiqués aux aînés, on prit Blur pour une oasis.
Sympas comme mec, leurs ficelles étaient malgré tout les mêmes que celles des petits copains, leur but avoué étant de perpétuer cette grande tradition anglaise d'une pop musique chatouilleuse, grinçante parfois, râleuse dans le fond, et mélancolique dans la forme. "Parklife" est tout ça à la fois, du tohu-bohu beatlesien, des refrains kinksien, des harmos beachboysiennes, mais le tout sans guillemets, sans chemise, sans pantalon. Un disque frustre même, raboté par Stephen Street, le terassier des chansons abrasives. Il est vrai qu'au même moment, d'autres jouèrent aussi cette carte d'une pop sale sur elle, embourbée dans ses déconvenues préméditées, et prisonnière de son imagerie réductrice. Mais là où certains, attirés par la lumière, foncèrent dans le phare, Blur monta l'escalier vers la grosse lampe qui tourne, en rigolant.
"Girls & Boys", chaînon manquant élecro-disco entre les Kinks et Human League, N°1 de Londres à Bangkok, de Sao Paulo à Tel Aviv. Car, ces types ne donnent surtout pas l'air de se prendre au sérieux, et c'est cette particularité, ajoutée à la haute teneur de leur compositions, qui les rend particulièrement attrayants.
"Tracy Jacks", "End Of A Century" ou "Parklife" sont du bois dont beaucoup d'Anglais savent faire les guitares, mais "Far Out", ou surtout l'acidulée "To The End" éperonnée par un Stephen Hague particulièrement virulent, mettent la barre bien plus haut. On erre ici dans la déviance, affectionnée par les Pink Fairies, David Bowie ou, pourquoi pas, Madness ou les Cars, dans la grande tradition de ces rockers sans cartable qui font le poirier , des billets plein les poches.
Damon Albarn et ses potes sont touchés par cette grâce qui fait que, bien qu'essayant de pisser le plus loin possible, ils ne font jamais tomber la moindre goutte. Et puis, ils ne sont d'aucune caste, d'aucun clan, d'aucune ligue: ils tirent sur tout ce qui bouge, conchiant les conventions, culbutant les interdits. Les Blur sont du style à reprendre du fromage après le dessert, pour que leur verres de vin se sentent moins seuls.
Ecouter "Parklife", c'est prendre 30 ans de pop anglaise en pleine tête, et rire de son éternelle modernité. C'est aussi décider d'instituer la pub comparative dans le désert, et crier sur toutes le dunes, qu'à côté d'eux, Oasis, n'est qu'un mirage.

Jérôme Soligny