BLUR


 

 



Paroles ici

En juin 1996, Blur donne un concert à Dublin au RDS révélant 2 de ses nouvelles compositions: Chinese Bomb et Song 2. Le son rock qui s'en dégage jure quelque peu sur le fond pop de la setlist, reprenant majoritairement des titres de Parklife et The Great Escape.
Blur annonce la couleur: un changement radical de style.
Graham, fan de rock-progressif et de d'indie américain, a réussi à imposer un goût qui l'obsédait depuis longtemps, et qui n'a évidemment rien à voir avec le courant "Britpop".

Ils citeront entre autre Sonic Youth et Pavement pour l'influence majeure de Blur.

I'm Just A Killer For Your Love est le résultat des séjours de plus en plus fréquents de Damon en Islande: ce morceaux a été enregistré à Reykjavik.

Sortie en février 97, leur premier single Beetlebum est propulsé directement N°1 des charts Britanniques.
Il reste un de leur album parmi les plus radicaux, et constitue un prélude interessant et très énergique à 13.

Damon: "Beaucoup de gens considèrent le nouveau disque comme un suicide commercial, mais on s'en moque."

Damon: "Nous avons laissé passer nos émotions et fait des chansons que nous n'aurions pas enregistrées pour nos précédents albums."

[A propos de Death Of A Party]: "Oui c'est sans doute ce qui a donné lieu à ma collaboration avec Tricky... Nous avions ecrit un morceau ensemble puis nous l'avons enregistré. Mais je n'étais pas entièrement satisfait du résultat: je savais que l'on pouvait emmener cette chanson encore plus loin. Le morceau était vraiment bien mais, pour moi, nous n'avions pas dépassé le stade de la démo. Je crois que Tricky s'est offensé de ma réaction et m'a envoyé balader. (sourires) Ce que je peux comprendre, il travaille ainsi, lui: une fois que quelque chose est enregistré, il ne revient jamais dessus... Et le fait d'avoir collaboré avec lui a énormement influencé notre démarche pour ce nouvel album. En entrant en studio, nous étions beaucoup plus sereins que d'habitude, nous avions beaucoup moins analysé les morceaux."

La presse:

3/5

 

C'est que, en fin de compte, le problème de Blur est bien là: on les voit hachis parmentier, résidus de Madness et Kinks, mais tout de même un peu Worlds Apart, n'est-ce pas, alors qu'il y a chez eux (bien plus que la filiation ray Davies) un côté Bowie période "Scary Monsters" ou "Lodger", voire Magazine, nettement plus évident. Mais être allé chanter "Boys & Girls" au redoutable "Hit Machine" ou faire les ânes sur Country House qui n'était ni plus ni moins leur "Lazy Sunday" à eux, ça ne pardonne pas dans l'esprit en permanente ébullition des puristes, les vrais.
Blur, groupe pour acnéiques pucelles, pour amazones de McDonald's. Visez ce chanteur et son faux accent cockney...Ce bassiste et sa mèche mi-Duran Duran, mi-Hitler Jugend. Et les deux autres ! S'ils n'ont pas dix ans...Alors après le très relatif échec de The Great Escape qui voyait nos gosses de riches jouer avec tous les boutons du studio, Albarn et sa bande (tout comme Maiot et les siens en leur temps) ont décidé qu'il n'était plus question d'être considéré comme un groupe de potaches pour fillettes dansant autour de leur sac à main.
Si, personne, ou si peu, ne réalise à quel point ces types jouent (ces basses ! Ces guitares !) et écrivent bien, alors adieu Britpop, fantaisies de studio et mignons refrains. Il s'agit de tout démolir de l'intérieur et de revenir au plaisir initial: l'expérimentation. D'où ce nouveau disque, bien bel objet que les nubiles clientes risquent fort de mépriser. Lo-fi, affichant les nouvelles marques d'interêt du groupe, à savoir Pavement (Song 2), Beck (Country Sad Ballad Man), les Beastie Boys s'ils avaient été nourris aux Kinks (On Your Own, Chinese Bombs) et toujours Bowie (l'incroyable M.O.R directement échappé de Boys Keeping Swinging).
C'est une redoutable et courageuse collection de démos plaquées or, de demi-chansons à l'exception du terrasssant Beetlebum, probablement l'un de leur trois plus grands titres -assez sombres, atmosphériques, serions-nous tentés de dire, une collection absolument parfaite. Il y a des disques auxquels on n'en demande pas plus. voir "Exile", "Planet Waves", "Lodger", "setting Sons" ou..."Odelay" justement.

Nicolas Ungemuth

Alain Orlandini


ROCK SOUND

Gilles Dupuy °°°° (cet album est torride)

"Plus ça change, moins ça change", serait-il tentant d'écrire au sujet du cinquième album de Blur, enregistré en compagnie du fidèle Stephen Street. Ainsi donc, ce disque éponyme (important ça, éponyme) aurait été enregistré sous haute influence "american slacker". Las de conjuguer le verbe kinks à toutes les sauces (quoique, Muswell Hillbilies...), Blur serait en quelque sortes revenus à la case départ de Leisure, après leur fabuleuse trilogie Modern Life Is Rubbish/Perklife/The Great Escape, sauf que Pavement et Sonic Youth auraient supplanté My Bloody Valentine et Dinosaur Jr. Le grand public, celui des Fugees, Alanis Morissette et Céline Dion, ayant choisi Oasis, Damon-le-compétiteur se serait rangé aux arguments de Graham-les-doigts-de-fée.
Dans le détail, l'affaire démarre en fanfare avec un Beetlebum lennonien, une deuxièle chanson (Song 2) qui s'offre le luxe d'être bien plus qu'une queue de poisson à ce grunge tant abhorré dans me passé, un Country Sad Ballad Man où il devient difficile de reconnaître les protagonistes de "Dance Machine", et ce M.O.R qui lève une partie du mystère. Qu'y entend-on ? Bowie, encore et toujours, mais un Bowie en état d'exaspération, chose inconcevable à l'échelle de l'original. On Your Own, avec ses choeurs clashiens qu'accompagnent une rythmique que ne renierait pas Black Grape, ne s'emballe jamais, mais on se prêterait admirablement à des remixes drum&bass. Après l'instrumental désormais de rigueur et le futur Happy de l'admirable Graham (You're So Great), Death Of A Party ressemble à He Thought Of Cars interprété par Tricky tandis que I'm Just A Killer For Your Love sonne comme un duo du même avec Nick Cave. Ce disque de la réincarnation et du pardon -Look Inside America ?- pourrait bien servir de nouveau détonateur, ou au moins augurer d'une nouvelle trilogie fantastique, tant est que l'histoire ne se répète jamais. Elle se contente de bégayer.

Nicolas Plommée °°°°° (excellent)